• Résidence 2014-2015
  • installation
  • Sculpture


La distance entre V et W
exposition du 13 mars au 16 mai 2015
visible du mardi au samedi, de 11h à 19h


Pour sa première exposition personnelle en France, fruit de sa résidence entamée en octobre 2014, « La distance entre V et W », l'artiste d’origine israélienne et installée à Amsterdam Yael Davids a imaginé une installation qui se saisit de l'espace, convoquant tout à la fois la question des limites territoriales, ses implications, et la charge culturelle et identitaire que des objets véhiculent à travers leur déplacement temporel et géographique.



Comportant certains de ses matériaux de référence, verre et enduit d’argile, cette installation articule opacité et transparence à travers des éléments d'un vocabulaire plastique connu chez l'artiste (large surface noire, céramique vernaculaire, paroi transparente, etc.) lui permettant de symboliser une réflexion menée à la croisée d’expériences individuelles et collectives, d’enracinements et de migrations, de rapprochements et d’éloignements.

En déployant ce qu'on pourrait nommer une relation spécifique au lieu de la sculpture, l'installation de Davids devient paysage, vue d'ensemble d'un site. Cependant, confinant le visiteur dans un espace de déambulation où il est amené à éprouver un état de frontière, l’installation va jusqu’à quasi évacuer la possibilité d’un corps en son sein.

Autant ses précédentes installations fonctionnaient sur un principe d’interdépendance entre exposition et performance - la première documentant la seconde qui elle-même activait la première -, autant celle mise en place aux Laboratoires se concentre sur la dimension sculpturale de son travail.
Ici, l’artiste procède à un basculement horizontal : celui du large panneau noir qui compose certaines de ses installations récentes, telle Ending with glass à Bâle en 2011. Ce glissement du mur au sol entraîne une transformation du statut de la surface : de l’écran à l’étendue, du miroir au territoire.
Dans ses récents scripts de performances, Yael Davids situe son travail à l’aune d’une sculpture envisagée comme lieu et comme gravité. Le lieu de la sculpture, qui peut également s’avérer être le lieu de l’œuvre, tout comme le lieu de vie. La gravité, quant à elle, est poids, le poids des corps comme celui des objets et de l’histoire.

Dans ce lieu, l’introduction d’une structure de verre contenant des objets faisant référence à un univers domestique vient provoquer le paysage via la nature morte. Le coffre, réalisé en référence aux cabinets de curiosités et chambres de merveilles, ancêtres indirects des musées, s’avère un objet sculptural appréhendable de tous côtés, aussi bien que la réduction miniaturisée d’un espace plus vaste. Espace dans l’espace, ce contenant et vitrine d’objets fait naître des récits autant qu’il en constitue leur lieu d’agencement.

Par ailleurs, des dessins de nature morte ont été réalisés par Yael Davids à partir d’objets achetés par l’artiste à Aubervilliers pour l’exposition. Ils documentent les possibilités infinies de dispositions et de récits que ces objets produisent.

L’œuvre de Yael Davids a de singulier qu’elle parvient à nouer deux dimensions sculpturales a priori contradictoires : abstraction et narration. C’est en regard d’une histoire tant nationale qu’individuelle que Yael Davids construit un travail où la sculpture rejoint le corps et l’espace comme lieux d’accueil et d’activation des conflits qui la constituent en partie.





Un colloque « en forme de conte », abordant la notion de diaspora des objets accompagnant l'exposition, aura lieu le 16 mai 2015.


_____________

Remerciement spécial à André von Bergen / Scénographie
et merci à Don de Boer et Lola Schroder