Née en 1979, Kateřina Šedá est une artiste tchèque qui vit et travaille à Brno. Le travail de Kateřina Šedá est basé sur l'observation des contextes « invisibles » et des relations sociales entre individus au sein de leur environnement quotidien, quelque soit le lieu d’implantation du projet. Elle en extrait une série d'éléments sous la forme de dessins, de textes et de diagrammes, à partir desquels elle élabore des jeux, avec diverses règles et missions. Elle a par exemple élaboré un « jeu de société » (Nic tam není, « Il n'y a rien ici », 2003) impliquant la participation de tous les habitants de son village natal. Elle a aussi développé plusieurs projets avec sa grand-mère, lui faisant réaliser de mémoire des centaines de dessins d'objets significatifs dans sa vie.

Par ailleurs, intéressé par les communautés, l’artiste développe des projets qui ne sont jamais destinés principalement à la production d'œuvres d'art. Elle est, en effet, réellement préoccupée par les actions qu'elle accomplit, généralement avec les habitants des provinces tchèques, et dont le but est de produire un sentiment d'appartenance, de responsabilité envers la communauté à laquelle les habitants appartiennent et les modes d’identification avec le foyer. Kateřina Šedá poursuit ses projets jusqu'à ce qu'elle ait atteint avec succès son intention. L'échec de ses projets n’est donc pas une possibilité.

Cherchant à créer des échanges entre les gens et leur espace quotidien, Kateřina Šedá a par exemple et en 2003 réalisé un projet intitulé There is nothing there, pour lequel elle a demandé aux habitants d’un village en République Tchèque de tous répéter au même moment les gestes de leurs rituels quotidiens – après avoir identifié ces rituels en réalisant avec eux un questionnaire portant sur leurs activités habituelles du samedi. Ces actions et performances ont amené les habitants de ce village à agir ensemble et ainsi à se connaître, tissant un lien social fort entre eux.

En 2010, pour son projet Mirror Hill (2010), elle a par ailleurs impliqué 600 familles d'une communauté située à la périphérie de Budapest, une partie très riche de la ville qui ne possède pas de lieux de rencontre. L'objectif de ce projet était également de faire se rencontrer les habitants de ce quartier de Budapest, cette fois via une sorte de compétition. L’artiste a donc incité tous les habitants à dessiner ce qu’ils pouvaient voir depuis leur maison. La famille qui avait réalisé le nombre le plus important de dessins remportait un voyage de quinze jours en Floride. Après une journée de compétition, de 8h à 20h, tous les habitants se sont réunit afin de discuter de cette journée passée ensemble. Après avoir sélectionné 250 dessins, Kateřina Šedá a réalisé un livre les rassemblant accompagné d’un plan du quartier.
Citons, enfin, sa collaboration avec la population du petit village tchèque de Nošovice pour le projet « Neda se svítit », qui constitue le cadre d’une exposition organisée au Kunstmuseum de Lucerne en 2012. Talk to the sky ’cause the ground ain’t listening est l'une des centaines de traductions possibles d’un proverbe tchèque qui donne son titre à l'œuvre. Pour chaque étape et le développement de « Neda se svítit », Kateřina Šedá choisit une traduction différente, comme par exemple No Light, as That’s the Way the Cookie Crumbles pour Tokyo.

Les Laboratoires d’Aubervilliers ont invité Kateřina Šedá a développer un projet en lien avec la ville d’Aubervilliers et ses habitants, projet qui démarrera en septembre 2016 pour se déployer jusqu’en décembre. Son projet intitulé Les Talents d'Aubervilliers (Aubervilliers' Got Talent) fonctionnera sur le principe d’un concours ouvert à toutes les formes de talent. Les gagnants verront leur nom et leur talent inscrit sur la chaussée d’une rue à Aubervilliers à la manière du Walk of Fame sur Hollywood Boulevard à Los Angeles.

 

ARF