Partager

 
 
 
 
Atelier de lecture "Psychotropification de la société" #11
Jeudi 24 mars 216, 16h


Cette année, Les Laboratoires d’Aubervilliers reconduisent les ateliers de lecture qui, tous les quinze jours, proposent de mener collectivement recherches et réflexions autour d’une problématique spécifique abordée depuis différentes disciplines (l’art, les sciences humaines, la politique). Ces ateliers participent à la construction du « Printemps des Laboratoires », programmation qui se décline tout au long de l’année via des workshops, tables rondes, projections jusqu’à l’avènement d’un moment public intense. Ce rendez-vous public, qui aura lieu les 4 et 5 juin 2016, en constitue la mise en perspective finale à une échelle internationale. Cette programmation est articulée chaque année autour d’une notion spécifique ; cette année il s’agit de « La psychotropification de la société ».

Cette expression, associant les termes « psychopharmacie » et « tropisme », désigne le mouvement exponentiel de prescriptions et de consommation de médicaments dans le cadre du traitement des troubles mentaux et psychologiques. En pointant ce « tropisme » notre intention est de démontrer que derrière la normalisation de ces prescriptions s’érige une  idéologie fascisante qui infiltre et dirige les sociétés occidentales, davantage préoccupées par la liberté d’action à conférer à l’industrie pharmaceutique qu’aux individus qui les composent.

Pour mener à bien cette réflexion collective qui traitera des effets de normalisation sous-tendus derrière le phénomène décrit, de l’état de la psychiatrie actuelle et de la place accordée à la maladie et à la folie dans notre société, nous vous proposons de nous réunir, un jeudi sur deux, à partir du 22 octobre, de 16h à 18h. Un ou plusieurs textes sont proposés et/ou choisi à chaque atelier pour le suivant.


Atelier # 11

Pour ce onzième et avant dernier atelier de lecture, nous vous proposons d'étudier l'ouvrage d'Harold Searles, L'environnement non humain, et plus spécifiquement le chapitre XI intitulé « Projection du moi sur l'environnement non humain, ou incapacité à s'en distinguer ». La traduction française de cette publication est parue chez NRF/Gallimard dans la collection Connaissance de l'inconscient en 1986.

Harold Searles, psychiatre et psychalyste américain né en 1918, a travaillé pendant quinze ans à Chesnut Lodge, établissement internationalement connu pour le rôle qu'il a joué dans l'approche psychothérapeutique intensive des schizophrènes.



L'hallucination nous à d'abord paru, lors de l'atelier précédent, comme une ligne de fracture perceptive. Non pas un état,  mais plutôt un trait encré qui capturerait la frontière quasi géologique séparant l'état 1 de l'état 2 (sommairement le normal du pathologique).
Trait accidenté s'il en fût, puisque tout entier dévoué à ses propres apparitions/disparitions, mais aussi genre de voie expresse, rassurante dans ses claires délimitations rhétoriques et/ou symptomatiques.

Dans le travail théorique et clinique d'Harold Searles, psychiatre et psychanalyste américain, c'est l'exact inverse qui surgit et fait éruption;
et tout particulièrement dans son premier livre de 1960 dont un extrait est ici donné: L'environnement non humain.
il n'y sera donc question que de la dilution des frontières.
(Nous retrouverons dans cet extrait beaucoup des thèmes abordés dans le texte de JF Chevrier, mais qui se seraient disons, soudainement incarnés.)

Toujours profondément enraciné dans sa pratique, Searles compile en permanence mots et suites de mots, paroles des schizophrènes côtoyés quotidiennement en séance, et nous les restitue le plus souvent en de courts paragraphes, sans interruption impromptue de la machine analytique.

La portée de ce que l'on nommera, tout bien pesé, parfois citations, parfois descriptions, nous donne alors accès littéral à ces "paysages modifiés"
où corps, espace et objets s'entrelacent et se confondent, où sans recours le milieu envahit le moi en permanence, et où toute hiérarchisation humain/animal/inanimé s'efface au profit d'une liquidité absolue du corps psychique.
Nous pourrons même y déambuler...

Il s'agit bien là de l'élaboration d'une "poiëtique" ancrée dans la psychose, qui réattribue du même coup au langage sa pleine singularité de médium.

L'art de la clinique.


"Quand on se regarde dans une glace, déclara-t-elle, on entre en transe"; et le thérapeute ayant risqué une allusion à Alice au Pays des Merveilles, la malade acquiesça,  avant d'ajouter: "On pénètre dans un autre monde."

texte de présentation écrit par Nathalie Bles



Les textes sont décidés par le groupe et lus en amont de chaque atelier. Ces ateliers sont gratuits et ouverts à tous, ils ont lieu le jeudi tous les quinze jours de 16h à 18h sur inscription.
Pour obtenir les textes étudiés, les compte-rendus de session, ou vous inscrire, contactez Pierre Simon : p.simon@leslaboratoires.org


Dates: les jeudi 22 octobre, 5 et 19 novembre, 3 et 17 décembre, 7 et 21 janvier, 4 et 18 février, 10 et 24 mars, 7 avril (de 16h à 18h).