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Atelier de lecture "Psychotropification de la société" #12
Jeudi 7 avril 2016, 16h


Cette année, Les Laboratoires d’Aubervilliers reconduisent les ateliers de lecture qui, tous les quinze jours, proposent de mener collectivement recherches et réflexions autour d’une problématique spécifique abordée depuis différentes disciplines (l’art, les sciences humaines, la politique). Ces ateliers participent à la construction du « Printemps des Laboratoires », programmation qui se décline tout au long de l’année via des workshops, tables rondes, projections jusqu’à l’avènement d’un moment public intense. Ce rendez-vous public, qui aura lieu les 4 et 5 juin 2016, en constitue la mise en perspective finale à une échelle internationale. Cette programmation est articulée chaque année autour d’une notion spécifique ; cette année il s’agit de « La psychotropification de la société ».

Cette expression, associant les termes « psychopharmacie » et « tropisme », désigne le mouvement exponentiel de prescriptions et de consommation de médicaments dans le cadre du traitement des troubles mentaux et psychologiques. En pointant ce « tropisme » notre intention est de démontrer que derrière la normalisation de ces prescriptions s’érige une  idéologie fascisante qui infiltre et dirige les sociétés occidentales, davantage préoccupées par la liberté d’action à conférer à l’industrie pharmaceutique qu’aux individus qui les composent.

Pour mener à bien cette réflexion collective qui traitera des effets de normalisation sous-tendus derrière le phénomène décrit, de l’état de la psychiatrie actuelle et de la place accordée à la maladie et à la folie dans notre société, nous vous proposons de nous réunir, un jeudi sur deux, à partir du 22 octobre, de 16h à 18h. Un ou plusieurs textes sont proposés et/ou choisi à chaque atelier pour le suivant.

 

Atelier # 12

On se retrouve pour le dernier atelier de lecture Psychotropification de la saison, ce jeudi 7 avril à 16h aux Laboratoires d’Aubervilliers pour discuter du Chapitre 2 – 1914 Un seul ou plusieurs loups, de Mille plateaux – Capitalisme et schizophrénie 2, livre publié aux Editions de Minuit en 1980.

Après les traces d’Inuit déposées dans la neige blanche racontées par Tim Ingold, les trajectoires sans planification et les cartes combinées de Deligny, c’est au tour de Deleuze et Guattari de proposer une trame composée de lignes de fuite et de multiplicités, celles qui s’énonce depuis l’observation des loups.

L’occasion d’aborder à nouveau les lieux qu’on habite, les chemins qu’on trace, les distances auxquelles on se tient les uns des autres, nos foules mobiles. Mais aussi de considérer des modes d’existence en deçà ou au-delà de l’individu, dans la rencontre de nos meutes intérieures, dans le faire et le défaire permanent de nos collectivités.

Dans un texte est à la fois drôle et virulent à l’encontre de l’esprit borné des psychanalystes et en particulier de Freud, qui se cantonne à calquer les récits des patients au tableau familial, qui s’en remet à un oedipe qui ne fait rien d’autre que d’écouter lui-même et écraser les multiplicités, qui rabat l’interprétation à de simples racines quand il est en passe de découvrir un rhizome. Ce texte abrite tout autant la beauté de la prose de Deleuze que l’excitation intellectuelle de la collaboration menée avec Guattari.

Ce qu’ils critiquent che Freud, c’est cette « réduction jubilatoire », trop facilement satisfaite du tableau explicatif recherché, qui recourt au signifiant (le signifiant, décrié ici comme l’instance despotique sournoise qui se substitue elle-même aux noms propres asignifiants, comme elle substitue aux multiplicités la morne unité d’un objet déclaré perdu), qui cherche la réponse à ce que le thérapeute a pré déclaré comme névrose. « Freud ne connaît rien aux loups, ni de la fascination qu’ils exercent, ni de l’appel à devenir-loup […] Qui ignore en effet que les loups vont par meute ? Personne sauf Freud. » Si Freud a abordé les phénomènes de foule depuis l’inconscient, il a omis de considérer  que l’inconscient lui-même était foule. 

La notion de « corps sans organes » y est également développée : « un corps sans organe n’est pas un corps vide et dénué d’organes, mais un corps sur lequel ce qui sert d’organes (loups, yeux de loups, mâchoires de loups ?) se distribuent d’après des phénomènes de foule, suivant des mouvements brownoïdes, sous forme de multiplicités moléculaires. Le désert est peuplé. […] Le corps plein sans organes est un corps peuplé de multiplicités. »

« la manière dont un individu, tel ou tel, pris dans une masse, a lui-même un inconscient de meute qui ne ressemble pas nécessairement aux meutes de la masse dont il fait partie. »

A nous de poursuivre et penser l’enchevêtrement de nos plateaux contemporains, de nos « régions continues d’intensités », des combinaisons à dessiner, de nos devenirs minoritaires.



Les textes sont décidés par le groupe et lus en amont de chaque atelier. Ces ateliers sont gratuits et ouverts à tous, ils ont lieu le jeudi tous les quinze jours de 16h à 18h sur inscription.
Pour obtenir les textes étudiés, les compte-rendus de session, ou vous inscrire, contactez Pierre Simon : p.simon@leslaboratoires.org


Dates: les jeudi 22 octobre, 5 et 19 novembre, 3 et 17 décembre, 7 et 21 janvier, 4 et 18 février, 10 et 24 mars, 7 avril (de 16h à 18h).