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Atelier de lecture "Psychotropification de la société" #10
Jeudi 10 mars 2016, 16h00



Cette année, Les Laboratoires d’Aubervilliers reconduisent les ateliers de lecture qui, tous les quinze jours, proposent de mener collectivement recherches et réflexions autour d’une problématique spécifique abordée depuis différentes disciplines (l’art, les sciences humaines, la politique). Ces ateliers participent à la construction du « Printemps des Laboratoires », programmation qui se décline tout au long de l’année via des workshops, tables rondes, projections jusqu’à l’avènement d’un moment public intense. Ce rendez-vous public, qui aura lieu les 4 et 5 juin 2016, en constitue la mise en perspective finale à une échelle internationale. Cette programmation est articulée chaque année autour d’une notion spécifique ; cette année il s’agit de « La psychotropification de la société ».

Cette expression, associant les termes « psychopharmacie » et « tropisme », désigne le mouvement exponentiel de prescriptions et de consommation de médicaments dans le cadre du traitement des troubles mentaux et psychologiques. En pointant ce « tropisme » notre intention est de démontrer que derrière la normalisation de ces prescriptions s’érige une  idéologie fascisante qui infiltre et dirige les sociétés occidentales, davantage préoccupées par la liberté d’action à conférer à l’industrie pharmaceutique qu’aux individus qui les composent.

Pour mener à bien cette réflexion collective qui traitera des effets de normalisation sous-tendus derrière le phénomène décrit, de l’état de la psychiatrie actuelle et de la place accordée à la maladie et à la folie dans notre société, nous vous proposons de nous réunir, un jeudi sur deux, à partir du 22 octobre, de 16h à 18h. Un ou plusieurs textes sont proposés et/ou choisi à chaque atelier pour le suivant.


Atelier #10

À l'occasion de ce dixième atelier, nous proposons d'échanger autour du
le sixième de la série des ouvrages de Jean-François Chevrier publié à L’Arachnéen, L’Hallucination artistique, de William Blake à Sigmar Polke, et plus spécifiquement sur le second chapitre intitulé “Le scandale de l’hallucination et l’expérience mystique”.

Ce livre qui propose une histoire de la place de l'hallucination dans l'art et la littérature depuis le début du XIXe siècle, qui marque les débuts de la psychiatrie, jusqu'à nos jours. Étudiée par la psychiatrie comme le phénomène déterminant de la discipline, l’hallucination est l’expérience des ambiguïtés d’une perception altérée par la vision.

L’hallucination intéresse Chevrier moins pour son acception pathologique, qu’en tant qu’elle transforme la vue en vision, la description en imagination, la réalité en images, en tant qu’elle peut éclairer les ressorts psychiques de l’activité artistique. La notion d’ « hallucination artistique », définie par Flaubert en 1866, permet de reconsidérer les relations entre l’exigence d’actualité du réalisme (Courbet) et l’intériorisation du fantastique, qui caractérise l’art d’imagination depuis le néoromantisme (Redon) jusqu’au surréalisme (Miró). De chapitres en chapitres, le livre s'offre comme un parcours encyclopédique des pratiques, croyances et études critiques des processus et des phénomènes d'hallucination, à chaque fois contextualisés dans leurs situations artistiques et idéologiques d'émergence, mais toujours marqué par un XIXe siècle qui demeure le fond de provenance et le fonds théorique déterminant de J-F. Chevrier et de ses récits sur la modernité. En mimant la machinerie hallucinatoire, l’auteur rejoue le principe des associations inconscientes, et tisse ainsi une nouvelle toile arachnéenne.

Le chapitre intitulé « Le scandale de l’hallucination et l’expérience mystique » sur lequel nous vous proposons de nous concentrer cette fois-ci, nous permettra d’envisager ensemble le rapport entre l’image et l’hallucination, de poser la question de la représentabilité et l’irreprésentabilité de l’expérience hallucinatoire, de sa reproductibilité, des limites de la représentation, qui fonde sa poétique.

Ceci à travers des écrits d’artistes, d’auteurs, de philosophes et psychanalystes, que viennent étayer de superbes illustrations.

De la « réalisation hallucinatoire du désir » chez Freud à l’hallucination que Lacan, qui s’intéresse à la puissance objectivante de la conviction délirante, place dans l’orbite du « symbolique », en passant par « l’imposture hallucinatoire » décrite par Merleau-Ponty qui voit dans l’hallucination une forme extrême de l’imagination… Des incroyables « figures hideuses » de la peintre Marguerite Burnat-Provins qui s’est toujours efforcée de distinguer ses productions issues de visions de son travail de peintre et décorateur (qui lui ne recherche que « beauté et harmonie ») à l’instauration de la « Compagnie de l’art brut » par Dubuffet... Des écrits sur les drogues de Michaux pour qui le pathos de l’imagination ne vaut pas abandon à l’irrationnel, à ceux de Nerval pour qui « Le rêve est une seconde vie »… De Foucault et sa critique des effets pervers du jugement psychiatrique, fondé sur l’objectivité des diagnostics, aux mystiques dont les différences sont largement générées en fonction des contextes religieux où ils émergent… une mystique que Musil abordait comme « l’autre état humain », là où il décèle une constance anthropologique : « une expérience fondamentale présente dans la religion, la mystique et l’éthique de tous les peuples historiques ».



Les textes sont décidés par le groupe et lus en amont de chaque atelier. Ces ateliers sont gratuits et ouverts à tous, ils ont lieu le jeudi tous les quinze jours de 16h à 18h sur inscription.
Pour obtenir les textes étudiés, les compte-rendus de session, ou vous inscrire, contactez Pierre Simon: p.simon@leslaboratoires.org


Dates: les jeudi 22 octobre, 5 et 19 novembre, 3 et 17 décembre, 7 et 21 janvier, 4 et 18 février, 10 et 24 mars, 7 avril (de 16h à 18h).