Performance avec Olivier Nourisson et Lucile Delzenne
Friday 20 May 2011, 18h00 » 20h00

Performance avec Olivier Nourisson et Lucile Delzenne

"Bonjour,
C'est ce que nous faisons aujourd'hui. Et nous le faisons en faisant. Olivier Nourisson, Lucile Delzenne et moi. Sans vouloir nous mettre d'accord sur ce que c'est. Sur comment il serait plus correct que cela soit. Ici. Là. Un tas de questions à soulever bien sûr. Mais le chat dort parce que les chats dorment toute la journée. Et la poésie dépend de vous aussi. De nous et de vous. Ce n'est pas seulement un contenu contenu dans quelque forme que ce soit. Que nous choisissons dans l'inventaire des formes. Ou un contenu que vous choisissez dans l'inventaire des contenus contenus dans nos formes. Ta peau. Tes cheveux. Ta peau. Tes cheveux. Tes paupières. Ta bouche. Ta peau. Tes paupières. Tes cils. Ta bouche. Voilà ton visage. Mais tu ne peux pas me reconnaître. Il y a des choses que toi non plus tu ne peux pas. Et tu ne peux pas me reconnaître. Je te dis que. Oui. Non. C'est différent. Je n'ai pas vu passer le temps. Les yeux étaient fermés. Ou dirigés ailleurs. Un livre. Un film. Une personne. Là. Quand on nous enlève tout il reste quand même toujours quelque chose. Quand quelqu'un disparait il reste toujours quand même quelqu'un. Par exemple. Je pose un élastique là. Autour du ventre qu'est l'orange. Un ventre. Et une personne est là dans l'orange. Moi qui me croyais seule. Elle qui n'a jamais parlé de porter une ceinture. Qui a le plus souvent eu tendance à partir en jus. En quartiers. Je change d'opinion. Inutile de la manger. Elle continue son boulot de nature morte. Sur la table. Classique. On m'a dit. On m'a dit. Il fait beau. Les gens sont dehors. Ne se méfient pas. Sauf des lignes à traverser. Les autres lignes à prévenir les voitures qu'on va traverser. Ce doute entre nous et on persiste. J'attends un peu pour voir. Et ça persiste. En vérité. Je suis sensible à des choses. Lesquelles. Toi-même. Doliprane. Advil. Doliprane Advil. Doliprane Advil. Doliprane. Advil. Vous alternez. Voyez-vous. Vous rentrez chez-vous. Et vous alternez. Malgré la tendance de l'époque. Qui est une France accroupie. Allons. Les pieds assagis dans une paire de Birkenstok. D'artistes. Qui avec d'autres artistes. Etc. Vous rentrez chez vous. Et vous alternez. Désolée. Je fais. Je fais. C'est tout. Mais j'aimerais moi aussi connaître un chauffeur de bus. Un conducteur de car en zone rurale. Voyez-vous. Qui me parle en conduisant. Qui parle alors que je regarde la route. Les virages. Qui me parle. Qui ne klaxonne pas. Qui m'amène à destination.
J'avais une musique dans les oreilles pour me mettre en condition. Pour tenir la route pour tenir le temps. Une suite. De chansons connues. Passent. Repassent. Ce qui est à dire est si simple. Disons. Des phrases sans fleurs. Rewind. Je reviens. Replay. Un moment suspendu. Trois minutes de ta vie qui repassent. Doliprane. Advil. Doliprane. Advil. Doliprane. Advil.  Rewind. Replay. À l'infini. Et si la France était toute contenue dans cette alternance?Doliprane. Advil. Doliprane. Advil. J'écris. Il y a des gens il ne leur arrive rien. Rien de rien. Rien de plus. Rien de moins. Ils attendent comme ça. On dirait qu'ils ne sont jamais décoiffés. Ici. J'ai ce qu'il me faut. Qui est de ne pas avoir."

Barbara Manzetti, le 4 mai 2011


Entrée gratuite sur réservation à reservation@leslaboratoires.org et 01 53 56 15 90

Barbara Manzetti