Disappearing operations
Opérations de la disparition
Opérations disparaissantes
Opérations pour disparaître

est conçue comme une exposition nomade, visible et invisible.

“Opérations de la disparition” : l’enquête commence avec une série de films autour de l’exotisme, inspirés de l’imagerie d’un ailleurs tropical néocolonial habitant le cinéma, l’anthropologie et la culture populaire. Revient obstinément la nécessité de comprendre comment des communautés entières sont marginalisées à travers des représentations stigmatisantes ou archétypales sous prétexte qu’ils/elles seraient des “autres” - considérer quelles sont les opérations esthétiques pour rendre invisibles certaines communautés, et ainsi les exclure du débat collectif, politique et social.

“Opérations disparaissantes”, une suite d’expériences qui ne se répètent pas. Des performances ou situations performatives qui s’articulent autour de la projection cinématographique. Le film comme une série de rituels, à inventer, à renouveler sans cesse - des jeux histrioniques, des mises en scène. Une exposition faite d’une suite de rencontres éphémères - et le temps vide qui passe entre elles, peuplé des échos de ce que l’on a vu, des attentes de ce qui viendra, compte aussi comme partie inhérente, précisément, de l’exposition - même si pendant ces moments là rien ne se donne à voir.

“Opérations pour disparaître”. De fil en aiguille le voyage, le déplacement m’apparaît comme  le symptôme d’une envie permanente de m’en aller, comme la palpitation d’une morbidité cachée et secrète, avec laquelle je communique en prenant la fuite. Mais cette pulsion du mouvement manifeste aussi les états latents du désir, ce qui précisément me tient debout, les espoirs de métamorphose, ce qui permet les aventures, les quêtes mystérieuses. Et alors les gestes portés envers ma propre disparition, l’état permanent de déracinement, deviennent les signes d’une santé, les possibilités d’un frisson passionnel, des camouflages de résistance contre une arrestation identitaire :

                                               Si tu croises tes parents à Hambourg
                                               ou ailleurs

                                               Passe devant eux en étranger, tourne
                                               au coin, ne les connais pas.
                                               Mets sur ta figure le chapeau qu’ils
                                               t’ont donné

                                               Ne montre pas, ô ne montre pas ton
                                               visage

                                               Au contraire
                                               Efface les traces!

Disappearing operations est une exposition constituée des œuvres issues de ma recherche doctorale “Eclats et absences. Fictions ethnographiques” qui, partant d’un rapport conflictuel envers l’ethnographie, a finalement cherché à trouver en elle le terreau pour bâtir des fictions. L’exposition se déploie en cinq séances dans cinq lieux différents - et le temps vacant, d’absence, entre elles.


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Disappearing operations
Opérations de la disparition
Opérations disparaissantes
Opérations pour disparaître

Exposition itinérante de Laura Huertas Millán, proposée entre le cinéma Le Méliès, Les Laboratoires d’Aubervilliers, Les Beaux-Arts de Paris et La Fémis.

En collaboration avec : Mati Diop, Charlotte Bayer-Broc, Lyes Hamadouche, Raimundas Malasauskas et Eva Revox.

Séance 1. Filiations.
Avant-première de Soleil Noir.
Projeté en compagnie de Mille soleils de Mati Diop.
Projection suivie d’une rencontre avec les réalisatrices.
Cinéma Le Méliès (Montreuil). En partenariat avec Cinéma 93 et le département Seine-Saint-Denis (dispositif d’aide au Film court).
Mercredi 30 novembre, 20h.
Temps estimé de la séance : 2 heures.

Séance 2. Opérations pour une disparition.
Les Laboratoires d’Aubervilliers
Projection des films The lightning, Care, Black on Red.
Suivie d’une performance réalisée en collaboration avec Lyes Hammadouche.
Suivi d’un DJ set d’Eva Revox.
Vendredi 2 décembre 2016, 19h30.
Temps estimé de la séance : 2 heures.

Séance 3. Frictions ethnographiques.
Beaux-Arts de Paris, Amphithéâtre d’Honneur.
Projection des films Premier contact, La libertad, Voyage en la terre autrement dite.
Suivie d’une performance réalisée en collaboration avec Charlotte Bayer-Broc.
Lundi 5 décembre 2016, 19h.
Temps estimé de la séance : 2 heures.

Séance 4. L’exposition invisible.
Un après-midi avec Raimundas Malasauskas.
Beaux-Arts de Paris, Amphithéâtre d’Honneur.
Jeudi 15 décembre, à partir de 14h.



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Exposition réalisée avec le soutien de :
Université PSL, Beaux-Arts de Paris, Ecole Normale Supérieure rue d’Ulm, Film Study Center et Sensory Ethnography Lab (Université de Harvard), d’Arquetopia - Fundación para el desarrollo, Videobrasil, Evidencia Films, Les Films du Worso, Cinéma 93, Département Seine-Saint-Denis, Les Laboratoires d’Aubervilliers, La Fémis, Le Fresnoy, Studio national des arts contemporains, Programa C - Museo de Arte Moderno de Medellín.

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“Entrer en monde, c’est aussi bien y demeurer qu’y dévirer, y dériver” (Edouard Glissant)

Le voyage, l’immigration et le multiculturalisme ont façonné le travail artistique de Laura Huertas Millán — née en 1983 à Bogotá, Colombie, elle a acquis la nationalité Française après dix-sept ans de vie dans ce pays. Diplômée des Beaux-Arts de Paris et du Fresnoy, Studio national des arts contemporains, ses premières oeuvres cinématographiques entrelaçaient l’écologie et les études post-coloniales, sous la forme de travelogues ethnographiques et surréalistes autour du thème de l’exotisme. Ces films convoquaient ainsi les images originaires de l’anthropologie, les récits des voyageurs Européens dans le “Nouveau Monde”, les cartes postales des zoos humains à Paris au XIXe siècle et les films de “premier contact” entre les nommés “indigènes” et les occidentaux.

Suite à ces premières recherches, elle entame en 2012 le doctorat de pratique du programme SACRe de l’Université PSL autour du sujet “Eclats et absence. Fictions ethnographiques”, doctorat qu’elle développe entre les Beaux-Arts de Paris, l’Ecole Normale Supérieure rue d’Ulm, le Sensory Ethnography Lab et le Film Study Center à l’Université de Harvard. Les oeuvres issues de cette nouvelle enquête se construisent comme un compagnonnage qui s’élabore dans les frictions et les communions d’un jeu actoral crée au sein d’une communauté spécifique (une famille de tisseurs Zapothèque au Mexique, sa propre famille à Bogota, une communauté indigène en Amazonie). Ces travaux considèrent en particulier, et à travers la fiction et/ou la mise en scène, de possibles émancipations politiques et sociales.

Ces films, réalisés entre la Colombie, le Mexique et la France, ainsi que quelques pièces de performance, seront présentées à Paris, à Montreuil et à Aubervilliers sous la forme d’une exposition nomade, intitulée Disappearing operations - Opérations de la disparition, Opérations disparaissantes, Opérations pour disparaître, entre le 30 novembre et le 15 décembre 2016. Cette exposition sera constituée de plusieurs évènements, chacun se déroulant dans un endroit différent et de façon ponctuelle, le temps d’une soirée : au Cinéma Le Méliès, Les Laboratoires d’Aubervilliers, les Beaux-Arts de Paris et La Fémis. Chacune de ces expériences sera le déploiement à chaque fois différent d’un rituel cinématographique, et les intervalles entre les différentes présentations seront considérés comme inhérente au projet d’exposition.

Disappearing operations sera donc une exposition itinérante, visible et invisible, où la mise en scène deviendra performance, et le film sera parfois immatériel, alors que des fictions créées sur le terreau de l’ethnographie seront projetées. Cette présentation finale d’une thèse prendra ainsi une forme nomade et fragmentaire, entre plusieurs lieux et milieux — faisant ainsi écho au processus même de l’élaboration de ses films. Disappearing operations tisse en filigrane des sensations, affects et pensées autour des questions de l’absence, du voyage, de la résistance à l’arrestation identitaire, de l’autoportrait — thèmes qui ont fini par habiter cette recherche, qui a commencé par une considération exhaustive et critique de la représentation du “natif”, de “l’indigène” dans le cinéma.