illegal_cinema #93

Lundi 18 juin, à 20h:

Francesca Zappia, commissaire d’exposition et critique d’art, a proposé une discussion autour de la transmission par la rencontre en s'appuyant sur le film Sur les traces de Lygia Clark. Souvenirs et évocations de ses années parisiennes  de Paola Anziché et Irene Dionisio.

archivio
Archivio di Paola Anziché, D.R.

 

Présentation par Francesca Zappia

J’ai connu Paola Anziché en novembre 2010 à Paris, alors qu’elle tournait  Sur les traces de Lygia Clark. Souvenirs et évocations de ses années parisiennes en collaboration avec Irene Dionisio.
Nous avions précédemment échangé par email au sujet de ses installations et de ses œuvres « qui se voient avec les mains », comme elle le définit. L’objet, notamment l’objet-tissu – dont la malléabilité souple permet l’adaptabilité objet-corps-geste – tient une place importante dans son travail. La base fondamentale de sa recherche créative consiste à donner au spectateur-utilisateur l’occasion d’expérimenter de nouveaux gestes véhiculés par la manipulation de l’objet, et par cette manipulation d’accéder à de nouveaux espaces mentaux via la stimulation des sensations.

Quand, à Paris, elle m’a parlé de son nouveau projet sur les traces de Lygia Clark, cela rentrait donc dans le processus naturel d’évolution de son travail. Mais elle venait à toucher, par-là, non seulement l’instant présent de l’interaction avec l’œuvre, mais également la retransmission d’une pratique artistique. Une pratique artistique, celle de Lygia Clark, très peu documentée par l’artiste, et surtout extrêmement éphémère, dans la mesure où l’œuvre n’est pas l’objet manipulable mais une expérience collective d’activation de l’objet. Une expérience qui est unique et très personnelle.

Au début des années 1970, Lygia Clark vivait à Paris et enseignait dans la toute nouvelle faculté d’Arts Plastiques et Sciences de l’Art à Saint-Charles (La Sorbonne). Il s’agissait d’un contexte d’enseignement très particulier, car, dans le sillage de mai 1968, l’importance était donnée à l’expérimentation. Le cours de Lygia Clark s’appelait « Le geste et la communication »  – une plateforme d’expérimentation de l’expérience collective avec l’objet. Via le film, Paola Anziché et Irene Dionisio ont essayé de reconstituer ce qui se passait pendant les cours de Lygia Clark. Elles ont fait appel aux souvenirs d’étudiants et de personnes qui ont côtoyé l’artiste à ce moment-là. Elles ont reconstitué certaines des situations que Lygia Clark proposait à ses étudiants. Telles des visions, elles viennent s’intercaler aux souvenirs.

Après notre rencontre, je suis rentrée dans les coulisses du projet en aidant Paola à traduire en français le dossier de présentation du projet. Mais ce qui était surtout important pour moi, c’était cette rencontre, un peu fortuite, avec ce projet en naissance. Un projet qui me parlait de mémoire, et qui venait à s’ajouter à d’autres rencontres assez fraîches avec des pratiques artistiques autour de la transmission de la mémoire. J’ai commencé à me passionner pour ce projet.

La raison pour laquelle j’ai voulu introduire ce film en vous racontant ma rencontre avec Paola Anziché est que tout processus de mémoire passe par un moment de rencontre et de partage avec l’autre. C’est aussi au fil des rencontres – avec les œuvres de Lygia Clark, avec les personnes qui l’ont côtoyée et leurs souvenirs – que ce projet a pris corps, suivant parfois les pistes de recherche et parfois les fils tissés par le hasard. Paola Anziché a ainsi constitué une archive, recueillant au fur et à mesure textes, photographies, catalogues et objets. Elle sera présentée en guise d’introduction au film par le biais d’un diaporama.

Grace aux rebondissements des rencontres et aux moments dans lesquelles elles surviennent, ma proposition à l’équipe des Laboratoires d’Aubervilliers de présenter Sur les traces de Lygia Clark dans le cadre du projet illegal_cinema est venue s’inscrire dans un plus large contexte d’hommage et de projets autour de l’œuvre de l’artiste brésilienne. Des projets qui, chacun dans sa propre spécificité, se situent dans une retransmission de l’œuvre de l’artiste et ouvrent à la rencontre avec l’autre.

 

Films projetés:
Diaporama de l'archive de recherche de Paola Anziché, Italie, 2011, 3min
Sur les traces de Lygia Clark. Souvenirs et évocations de ses années parisiennes  de Paola Anziché et Irene Dionisio, Italie, 2011, 25min


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Entrée libre

Accueil du public dès 19h30, bar et restauration légère.