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Le Printemps des Laboratoires #3 - Performing Opposition

Sous l’intitulé Performing Opposition, cette troisième édition du Printemps des Laboratoires explore l’art dans sa relation à la “polis” à contre courant des pouvoirs institués. De la naissance des avant-gardes au XIXe siècle jusqu’aux engagements des artistes dans des mouvements de contestations et de révoltes sociales récents, l’art renouvelle ses conditions, ses stratégies et ses formes d’opposition. C’est à travers la mise en perspective de certains héritages historiques et artistiques (agit-prop, spaßguerrilla, situationisme, Indignados) que Performing Opposition entend souligner une dynamique actuelle qui participe à creuser des brèches dans le continuum réglementé de l’espace public, pour le (re)peupler et se l’approprier. La question de “performer l’espace public” y est centrale, particulièrement à l’ère numérique qui redistribue autrement les stratégies de visibilité et de représentation. Performing Opposition met en avant les mouvements antagonistes qui reconfigurent à travers le monde et d’une localité à l’autre la carte d’un pouvoir aujourd’hui diffus et moléculaire. Un art qui est aussi capable de déjouer ses rapports à l’institution pour y inventer, encore et malgré tout, des stratégies critiques et opérantes.

Durant cette édition du Printemps des Laboratoires nous mettons en dialogue des diversités de témoignages d’expériences et de points de vue. Nous avons ainsi convié différents spécialistes des mouvements activistes (Brian Holmes), des avant-gardes (Marc Partouche), des cultures numériques (Marie Lechner, Nathalie Magnan) ou encore des relations entre le théâtre et la modernité politique (Diane Scott). Ces points de vues théoriques rentreront en résonance avec les paroles des artistes, qui tantôt prennent part à des révoltes populaires (Burak Arikan), tantôt agissent, via leur pratique et selon d’autres temporalités, à la construction de communautés de pensée et d’action (Marinella Senatore), proposent des formes d’occupation de l’espace public en prenant pour intermédiaire l’institution artistique (Thomas Hirschhorn, Renata Lucas) ou encore investissent le champ du théâtre, de la littérature et de la poésie comme lieu privilégié d’observation sociale et de ses injustices (Motus, Nathalie Quintane). Enfin il nous semble important d’interroger ces problématiques depuis l’institution, celle des Laboratoires d’Aubervilliers évidemment, qui cherche à créer les conditions d’émergence et d’accompagnement de formes artistiques libres, celles aussi de complices professionnels engagés à leur tour à travers les activités de leur lieu, à la fabrication d’une révolution lente (Beirut au Caire).

Ces discussions prendront corps au sein d’un ensemble composite: l’accompagnement musical du pianiste Alexey Aasantcheef dont la toile de fond, tissée à partir des morceaux de Cornelius Cardew, sera ponctuée de morceaux révolutionnaires que le public sera invité à chanter; de performances proposées par des étudiants de l’Academie de Beaux Arts d’Oslo; d’un dîner ouvert à tous; d’une projection mettant en regard des films contemporains (les cinéastes égyptiens Jasmina Metwaly et Philip Rizk ainsi que DAAR basé en Palestine) et un documentaire d’une pièce de théâtre majeure des années 70 (Paradise Now du Living Theater). En amont de cette édition du Printemps des Laboratoires aura lieu le workshop “Graph Commons” proposé par l’artiste turc Burak Arikan.

Nous remercions chaleureusement tous les intervenants d’avoir répondu à notre invitation ainsi que les membres des ateliers de lecture, qui se sont tenus durant l’année, contribuant largement à nourrir la programmation de ce Printemps. Nous nous réjouissons de la tenue de ces deux jours de réflexion commune. Ils seront, nous l’espérons, l’occasion de décrypter la manière dont les gestes artistiques contemporains et la politique s’informent, et d’imaginer ensemble l’actualisation de leur puissance d’agir.


Alexandra Baudelot, Dora García, Mathilde Villeneuve (Co-directrices des Laboratoires d’Aubervilliers)



Avec la participation de : Alexey Aasantcheef (pianiste), Burak Arikan (artiste), Thomas Hirschhorn (artiste), Marie Lechner (journaliste), Renata Lucas (artiste), Nathalie Magnan (média-activiste), Marc Partouche (docteur en histoire de l‘art et en esthétique), Jasmina Metwaly et Philip Rizk (cinéastes), Daniela Nicolo et Enrico Casagrande (dramaturge pour le collectif Motus / Italie), Nathalie Quintane (écrivaine, poète), Diane Scott (critique et doctorante en arts du spectacle), Marinella Senatore (artiste), Antonia Alampi et Jens Maier-Rothe (directeurs de Beirut, centre d’art / Caire), DAAR (Decolonizing Architecture Art Residency / Palestine), Christopher Wachter et Mathias Jud (artistes), Sophie Wahnich (historienne) et la participation des étudiants de l’Oslo National Academy of the Arts.