illegal_cinema #26

 

La séance est proposée et animée par Gérard Leprun, chargé de mission de la délégation "Éducation à l'altérité" (mairie d'Aubervilliers). Les films proposés sont réalisés par Eriberto Gualinga, indien Kichwa de Sarayaku, et confiés à l’Association Paroles de Nature, relai en France des Kichwa de Sarayaku (www.frontieredevie.org).

 

Quito, 1992. Les habitants de la forêt d'Amazonie s'installent dans un parc, sous les yeux surpris des citoyens, des autorités et des indiens ayant adopté les conventions urbaines. Pendant ce temps, les chefs de villages plaident la cause des indigènes au parlement équatorien. (crédits photographiques: G. Leprun)

 

Combat par l’image : la fronde audio-visuelle du peuple Kichwa

Nous sommes la terre
nous sommes la forêt.
Nous, les indigènes,
nous sommes tout ce territoire !
L’indigène est la terre même.
L’habitant indigène de Sarayaku
est la terre même.
Début du film « Sacha Runa Yachay » (Les savoirs de l’homme de la forêt)

 

Les trois films présentés ce soir dans le cadre des « journées d’éducation à l’altérité » proposées par la mairie d’Aubervilliers, sont une initiative des habitants de Sarayaku, un petit village situé au cœur de la forêt amazonienne où le peuple Kichwa vit en communion avec la nature environnante. Depuis quelques années, il fait face à des pressions d’ordre économique car des multinationales ont décidé d’implanter des firmes sur ce territoire afin d’exploiter les ressources naturelles locales: les inépuisables gisements de pétrole. C’est pourquoi l’existence du peuple Kichwa est compromise par de tels projets.

Aussi le documentaire retrouve-t-il ici son sens premier de « document » visant à exposer autant qu’à maintenir à vue ce peuple, son patrimoine culturel et sa conception de la vie, aujourd’hui en danger. Car l’enjeu de l’esthétique documentaire n’est évidemment pas la fascination mais la prise de conscience. Éthique, culturel et philosophique, l’enjeu s’avère avant tout politique.

Adoptant deux échelles de perception opposées, ces films sont tiraillés entre un passé et un présent non complètement disjoints mais dont la connexion est fondamentalement menacée. Par là même, ils motivent une force nouvelle, celle de relier les temps, relier les espaces, celle de transcender l’imaginable et de provoquer notre engagement. Et de faire, au fond, de la forêt amazonienne un véritable « lieu » pour la perception, non pas un lieu de mémoire, mais un lieu de vie.

Nous remercions l’association Parole de Nature pour leur confiance. Les films et leur distribution se seraient avérés impossible sans le concours de ses membres.

 

Films projetés (durée totale : 1h):

Soy defensor de la selva / Je suis le défenseur de la forêt, de Heriberto Gualinga (Sarayaku, 21min., 2003)

Sacha Runa Yachay / Les savoirs de l’homme de la forêt, de Eriberto Gualinga (Sarayaku, 21min., 2006)
Sise nambi / Le chemin de fleurs, de Eriberto Gualinga (Sarayaku, 23min., 2009)

 

Novembre 2010 : Les Laboratoires d'Aubervilliers, partenaire du programme d’éducation à l’altérité porté par la ville d’Aubervilliers.