Désapprentissage #2 : Unlearning privilege - talking with the disappeared
Samedi 17 décembre 2016, 16h

 

Silvia Maglioni & Graeme Thomson - common infra/ctions
Centre de désapprentissage de la langue

Désapprentissage #2 :
Unlearning privilege - talking with the disappeared
screening, reading, cooking and conversations
Atelier avec Jesal Kapadia


Fugitive green: fragment of a floorspread, 2016


Des rangées de coquelicots rouges bordent le centre de ce tapis magnifique, qui a par la suite été coupé et ourlé en vue d’un nouvel usage. Souvent, dans certaines zones, le motif principal du tapis change de direction ; ici, dans la rangée supérieure, des coquelicots à l'envers alternent avec les autres. Le tapis a été fabriqué par un processus laborieux connu sous le nom de kalamkari, dans lequel le vert est obtenu en peignant une couleur jaune sur les zones teintées d'indigo. Pourtant, le jaune tend à s'effacer, laissant seulement la sous-couche de bleu. Chose étonnante, le vert, souvent fugitif, et qui a tendance à se soustraire de la lumière, est ici bien conservé.

Elle dit : Parfois, la ligne de démarcation entre le système et la révolution n’est qu’une rivière. Après tout, le combat entre les forces de résistance et le système de domination n'est-il pas aussi ancien que l'Euphrate et le Gange ?

Nous passerons ainsi une soirée entière à inverser les flux, à désapprendre nos façons de voir et de faire, à être ensemble et à faire des lectures par relais des mots clés issus de la conscience féminine.

Elle dit : La mutinerie peut être autant dirigée vers l'intérieur que contre une autorité extérieure répréhensible, impliquant la difficile tâche de sortir de son propre auto-façonnage en tant que sentinelle volontaire d'un injuste statu quo, ou plutôt exigeant des pratiques d'auto-démontage éloquemment décrites comme : « libérer soi-même de soi-même » ou « s'écarter » ou bien « se déserter » !

En nous approchant de ce qui n'a pas forcément une fin, habitant le processus et refusant de participer à toute perpétuation du statu quo, avec une aire improductive (et ce faisant apparaissant improductif), un engagement dans les choses plus inessentielles, abordant des concepts qui auraient à voir avec l'idée d'apprendre à apprendre par le bas, en parlant avec les disparu(e)s... et les voix, les langues, la couleur, les formes de vie, les façons d'être. Cherchant une cause commune et non le common wealth.

Elle dit, encore: Notre corps est en fait un arbre à l'envers.

Suspendant pensées et actions efficaces, se sentant attardé, à rebours, en retard, renversant l'imaginaire du temps linéaire, sortant des privilèges de la reproduction réelle et symbolique/sociale, en échouant ensemble, inconséquemment, et vers une pensée non-reproductive.



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L'atelier est ouvert à tous et à toutes
Il sera donné en anglais

Nombre de participants limité, réservation conseillée
à reservation@leslaboratoires.org ou au 01 53 56 15 90

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Jesal Kapadia
est une artiste, originaire de Bombay et de bien d'autres villes. Utilisant divers médiums, son travail explore les formes potentielles des subjectivités non capitalistes. Son intérêt réside dans une pratique éthique d'un “être-en-commun” et dans la culture d'une conscience d’un art localisé, diversifié, multiple, à petite échelle, collectif et autonome. Jesal s’est longtemps intéressée aux dimensions imaginatives et affectives de la migration qui dépassent l'analyse purement économique - comment la mondialisation et la modernisation ressent, plutôt que ne constitue que de simples statistiques. Son art tend vers une connexion à un moment primordial de non-mondialisation, générant un sentiment d'affinité avec le temps et l'espace pré-colonial, ou post-capitaliste, dans la nature. Elle cherche des choses, poèmes, chansons, images, écrits, goûts, touchers, dialectes et voix qui contiennent les traces d'un ordre invisible et qui se modifient constamment au fur et à mesure qu’ils deviennent visibles, mettant en valeur une forme qui refuse d'être capturée, mais qui continue à circuler dans d’autres formes, devenant pidgin.

De 2001 à 2014, Jesal a publié des articles collectifs sur l’art dans le journal « Rethinking Marxism » (journal d'économie, de culture et de société) ; elle a organisé et participé à des événements comprenant les membres du groupe 16beaver (une communauté d'artistes dans le centre-ville de New York qui fonctionne comme une plate-forme ouverte de discussion, critique et collaboration). Au cours des quinze dernières années, elle a enseigné et développé un certain nombre de cours et de séminaires dans diverses écoles ainsi que des espaces communautaires ou des espaces indépendants d’artistes. En 2012, Jesal a rencontré les membres de Wednesday Discussion Group et les femmes du groupe WRise, tous deux basés à Cambridge MA, et a depuis partagé les apprentissages et les réflexions issus de leurs discussions, activant des échanges sur la question du patriarcat et de la violence dans notre société contemporaine.